Portrait du collectif La Maladière

Image

Vous faites toutes partie du collectif La Maladière : comment pouvez-vous parler en quelques mots de ce collectif, parler de ses engagements, de son contexte de création ?

EUGENIE : On s’est vraiment créé au lendemain du premier confinement. Ça a vraiment été une grosse remise en question, un aboutissement de plein de réflexions et en tout cas un besoin et une envie de créer du lien dans le quartier. On habite un quartier et l’idée de petit village, enfin de tout ce qu’on peut projeter sur ce qui se passe dans un petit village, se connaître, se dire bonjour, qu’il y ait vraiment une entraide et une solidarité au niveau du quartier, c’était vraiment important donc ça c’est un de nos fondements. Le deuxième fondement qui me paraît primordial aussi c’est le fait de prendre du pouvoir, c’est-à-dire que l’on peut agir et on doit se sentir responsable de ce qui se passe dans notre quartier. C’est en étant un collectif et en se fédérant que l’on va réussir à faire bouger les choses pour notre quartier. Il y a aussi une belle dynamique au niveau du parc qui est la base autour de l’école ...

GERALDINE : C’est le square Giraud qui est à côté de l’école où effectivement on est plusieurs à se retrouver en fin de journée, Il y a des gens qui ont des enfants, d’autres qui n’ont pas d’enfants mais il y a une espèce de vie de village, exactement, qui commence à prendre forme, Il y a un peu cet esprit là. Et après il y a l’aspect marché, bien manger, circuits courts, marché qui devient un peu le centre névralgique et puis le point de départ aussi du collectif.

 

Qui compose ce collectif ?

GERALDINE : Alors on est surtout des habitantes, comme quoi, le XXII° siècle sera féministe ! Au départ l’idée vient quand même de femmes, d’habitantes, de mamans, il y a donc Ourida [Ourida est une membre du collectif] qui est le point fort de tout ça. Au moment des premières réunions on s’est rencontré.e.s, c’est le principe du collectif, c’est-à-dire que vient celles et ceux qui veulent venir donc des retraités, des actifs, des femmes, des hommes … Qui veut apporter sa pierre à ce petit édifice vient ! Il faut habiter le quartier quoi !

 

Vous avez créé ce collectif parce que vous ressentiez un manque ou plutôt dans l’bjectif d’apporter un plus ?

GERALDINE : Moi je ne l’ai pas vécu comme un manque, l’objectif était plutôt de partir de la dynamique et des envies qui existaient pour pouvoir les mettre en oeuvre. Il y a aussi tout cet aspect d’animation du quartier, c’est-à-dire qu’on était parfois individuellement moteur ou créateur d’initiatives. Je prends l’exemple, pour les enfants, d’Halloween : on était plusieurs mamans dans le quartier à se dire allez, on passe chez untel ou untel puis finalement on se dit pourquoi ça ne serait pas quelque chose qui existe de manière un peu plus collective et un peu plus organisée ? Il y a l’idée d’un café solidaire aussi … C’était finalement plein d’initiatives qui existaient chacune dans un sens, et là l’idée c’est de se dire qu’on va leur donner plus de force, donc encore une fois ce n’était pas un manque. Alors le marché pour le coup c’est quelque chose qui n’existait pas.

CHRISTINE : Ça dépend des personnes parce que pour ma part je ne connaissais pas ces mamans qui allaient au parc, parce que je n’ai pas d’enfant, mais j’avais envie de participer à une dynamique de quartier puis ça a été une rencontre au hasard autour du boulanger qui était le premier installé [au marché] et puis du coup c’est parti de là, Donc j’ai découvert qu’il y avait des choses déjà existantes mais qui n’était pas encore fédérées, qu’il y avait des envies,

GERALDINE : Tout le monde avait des envies et il suffisait peut-être de pas grand chose pour pouvoir les mettre en oeuvre. Alors bien sûr on s’est pris la Covid sur la tête comme tout le monde, donc on a été bien ralentis.

Nous on habite le quartier Maladière, on est dans un périmètre assez restreint, on se dit qu’on est à côté d’un quartier qui s’appelle Junot, qui est très proche, dans lequel on va régulièrement, mais il y a finalement deux populations qui se cotoient sans se fréquenter. Donc il y avait aussi, pour ma part, cet aspect là qui me tenait à coeur, d’essayer de créer des intercations entre ces quartiers, de pouvoir vivre ensemble au sens le plus noble et aussi le plus politique qui soit, et puis d’arrêter de se dire que, parce qu’on a un boulevard à traverser, on n’est pas pareil, on ne pense pas pareil, on ne s’habille pas pareil … En fait non, au contraire ! On s’est bien rendu compte pendant le confinement qu’on avait tous les mêmes pratiques, qu’on allait dans les mêmes endroits, qu’on aimait faire les mêmes choses, etc … En fait cette dynamique là aussi fait que ce n’était pas un manque : on tire d’une réalité qui existe déjà en essayant de la formaliser un peu plus, de l’enrichir, de l’entretenir, alors via des cafés solidaires, via l’école qui draine beaucoup de gens sur ces deux quartiers, Junot et Maladière, et qui est une porte d’entrée, un levier pour créer des rencontres et des échanges entre les deux quartiers.

EUGENIE : Porte d’entrée qui n’est pas la seule ! Le collectif permet aussi d’exister un petit peu, iln’y a pas que le centre-ville qui existe, il y a une vie en dehors du centre-ville et c’est bien que notre quartier de soit pas qu’une cité-dortoir. Pour l’instant au niveau des commerces il n’y a pas grand chose : il y a deux boulangeries, un petit bar PMU ... Il y a des envies de quartier vivant, les choses ne doivent pas se passer qu’au centre-ville. Nous aussi on a droit à une chouette vie de quartier où il se passe plein de choses.

GERALDINE : Parce que qui dit petits commerces dit retisser du lien, créer des échanges, croiser des gens …

CHRISTINE : On parlait des enfants mais il y a aussi un nombre assez important de personnes âgées dans le quartier et on aimerait vraiment faire du transgénérationnel, mélanger un peu toutes ces personnes. Un petit marché comme ça ça peut les faire sortir de chez elles et venir découvrir les personnes du quartier.

 

Comment vous rêveriez le collectif dans un futur proche ou moins proche ?

GERALDINE : Sans masque !

EUGENIE : Sans interdiction, sans couvre-feu, avec la possibilité d’organiser des événements festifs …

GERALDINE : En fait les envies du collectif sont très proches des envies des gens : on rêve de pouvoir se dire que le Mercredi soir se finit en apéro convivial avec les personnes âgées, les enfants qui courent à côté, des gens de Junot, et puis qu’on puisse vraiment tous se rencontrer, parler, sans avoir de limitation quelle qu’elle soit, physique, en terme d’horaires … L’idée c’est de pouvoir mettre en place des temps de rencontre, tout simplement.

 

Comme ce marché sur lequel on est présentement. Comment est née cette idée d’organiser un marché des producteurs ?

EUGENIE : L’idée c’est de favoriser le bien manger, le circuit court, le fait de ne pas être obligé d’aller en grande surface … Bon, ça c’est un doux rêve parce qu’on va être obligé de compléter, mais l’idée c’est de commencer à initier et de pouvoir discuter avec les gens qui nous nourissent, de savoir comment c’est fait et de prendre le temps de savoir ce qu’on mange, comment on mange,

 

Comment réagissent les producteurs que vous contactez pour participer au marché au sujet de cette initiative ?

GERALDINE : Mal d’abord ! [rires] Ils se disent “Oh non, on fait encore un marché, on est dehors, on va vendre des trucs ...”

EUGENIE : En premier lieu ça a été avec Sébastien de L’écho des blés. Ça a été vraiment une opportunité : Christian qui était avant à L’écho des blés partait à la retraite, donc c’est Sébastien qui a repris le flambeau. Sauf qu’il n’allait plus pouvoir travailler dans le lieu où il était installé : le meunier qui prêtait son local voulait y faire des travaux, donc Sébastien ne pouvait pas rester. Chez nous à ce moment-là l’idée du marché avait germée et donc on a discuté avec lui. Quand il nous a dit que lui aussi il cherchait un lieu, on a compris que c’était une recherche commune. Après on a démarché à droite à gauche …

 

Que souhaiteriez-vous dire aux personnes qui ne connaissent pas encore le marché et le collectif ?

GERALDINE et EUGENIE : Venez ! [rires]

GERALDINE : Venez, on va discuter, venez découvrir, venez échanger, venez proposer aussi parce que tout ça est encore tout neuf donc c’est encore à construire, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.

CHRISTINE : Oui là c’est tout nouveau, les producteurs ne se connaissent pas encore, on espère qu’il y aura une émulation qui va se créer.


 

Le collectif remercie le Père Lamblot de la paroisse du Sacré-Coeur qui prête gratuitement le préau de l’église pour accueillir le marché des producteurs ainsi que La Maison Maladière pour son accompagnement et la mise à disposition de locaux pour les réunions du collectif.